Ailleurs
Il est temps, je crois, d’ouvrir les yeux. Sur tous les continents, les signaux d’alerte s’allument.
Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas ! Prenons garde que le XXIe siècle ne devienne pas, pour les générations futures, celui d’un crime de l’humanité contre la vie. (…)
L’humanité a rendez-vous avec son destin.
“notre maison brûle, et nous regardons ailleurs” Jacques Chirac lors du sommet de la Terre en 2002
En quête d’ailleurs
20 ans que cette phrase du président de la 5ème puissance mondiale d’alors a été popularisée. Malgré cela, les mêmes sujets d’actualité sont mis en avant depuis 20 ans, et on peut se questionner sur le sens du mot “ailleurs”.
On regarde du côté du dernier mot épouvantail, choisir votre préféré parmis : woke, islamo-gauchisme, bobo, écolo, cancel culture…. Ces mots qui ne veulent rien dire mais dont tout le monde a sa propre définition.
Nous abîmons le langage par le fait que les phrases sont courtes, que l’argumentation disparait, qu’on provoque des clashs plutôt que de laisser place à la nuance Étienne Klein - L’importance de la nuance
On regarde un influenceur recommandé par des algorithmes de selection hors de (notre) contrôle, plutôt qu’une conférence de 2 heures d’une scientifique de renommée mondiale.
On regarde un flux continue de notifications où seul le titre est lu, quitte à subir de l’infobésité où une information chasse l’autre rendant le recul analytique impossible.
A croire qu’"ailleurs" est devenu au fil du temps les 2 discours les plus clivants d’un thème vite analysés et aussitôt oubliés. L’audience et le clique comme buts principaux plutôt que la reflexion. A se demander ce qui est devenu le plus irréaliste : croire qu’on colonisera Mars, à condition de savoir la localiser dans le ciel et prendre le temps de l’observer filer au fil des saisons, ou dédier 20 heures à un sujet ou à un livre pour dialoguer en tête à tête avec les plus grands esprits, et ce sans que le thème soit lié à un travail rémunérateur.
Notre maison ne s’est pas réchauffée, elle brûle
A travers les rapports du Groupe d’experts Intergouvernemental sur l’Evolution du Climat (GIEC) et les faits météos “qui battent des records” et qui confirment les prévisions scientifiques sur l’évolution de l’intensité et des fréquences, les éditorialistes ont de moins en moins le choix d’ignorer le problème. Même si des sujets insignifiants volent toujours la vedette aux sujets de fond.
Notre maison brûle, et nous regardons Messi arriver au PSG.
BonPote - Comment les médias, politiques (et lobbies) ont accueilli le rapport du GIEC
On a compris ?
On pourrait croire qu’on a compris depuis le temps, avec ces incendies monstrueux, des canicules surenchéries sur une extra canicule, des gamins morts sur des plages et qu’il est inutile de lire tous les 5 ans dans les rapports du GIEC. Et puis, tu fais déjà ta part en triant (sans trop y croire) tes bouteilles de coca, non ?
Mais on continue toujours plus fort avec les mêmes causes, à croire qu’on consommera jusqu’à la dernière goutte de pétrole et qu’on continuera à tourner toujours plus vite dans notre cage à hamster “dont le triste destin est la mort par épuisement” comme le disait Bernard Maris avec comme espoir de devenir l’homme ou la femme le plus riche du cimetière. Après tout, on est obligé de faire ce taf en temps plein, et tu laisseras le soin à ta femme de passer au 4 jours par semaine pour s’occuper des enfants. Ces choses considérées souvent comme gênant la productivité des adultes.
Est ce qu’on peut penser que le problème est compris quand on voit que l’avion et la voiture restent les modes de déplacements qui ont la plus forte croissance de 2013 à 2019 ? Ou quand on voit la rage bouillonnante des éditioralistes dirigée envers des routes enfin ouvertes aux piétons plutôt que dirigée vers la sédentarité systémique chez les enfants et les adultes.
L’inactivité physique est devenue l’un des principaux facteurs de risque pour les problèmes de santé et est à l’origine d’environ 10% de la mortalité totale dans la Région européenne de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). - Ministère de la santé et de la prévention
Est ce qu’on a compris lorsqu’il est difficile d’argumenter sur la nécessité de diminuer la viande sans passer pour un radicalisé car côte de boeuf et être un (vrai) homme sont inséparables, mêmes selon les plus “progressites”. Avec la doxa carpe diem, cueille le jour, oublie donc ton futur cancer et “baise le monde” comme le chante Orelsan.
Est ce que le problème est compris lorsque des abbérations sont écrites sur les maillots des équipes de foot les plus populaires du pays ?
Save the planet with private jets and AC
Des startups privées proposées comme ultimes solutions pour mieux gérer comme “un bon père de famille” le service public alors que ses moyens diminuent d’années en années malgré son rôle essentiel dans l’éducation, la santé, la sécurité, les transports et l’énergie.
L’ouverture à la concurence des systèmes electriques a été une connerie (…) et n’a apporté aucun élément positif.
Et maintenant ?
Changeons d’ailleurs, et comme le dit Alain Damasio, “la seule croissance que nous supporterons sera celles des arbres et des enfants.”